dimanche 21 juillet 2013

"Vous avez le permis de tuer: pas de prendre l'autoroute en sens inverse!": James Bond et Fast &Furious

Au début d'Opération Tonnerre, en entrant dans le bureau de Miss Moneypenny, James Bond a une réplique extraordinaire, excusant son retard:


Et s'il s'agissait des héros de Fast & Furious? Il y a en effet plusieurs points communs entre les deux univers cinématographiques, dont la plupart appartiennent au vingtième James Bond: Meurs un autre jour.



 Rick Yune, l'ennemi commun

Dom Toretto et James Bond ont un ennemi commun: il s'agit de l'acteur américain Rick Yune qui joue le haïssable Johnny Tran de Fast and Furious, chef d'un gang coréen et le terrifiant Zao de Meurs un autre jour, l'homme de main du méchant principal du film. Deux coréens plus pervers l'un que l'autre, représentatifs des dérives de chacun des blocs de la guerre froide. Cette "touche de corée" - pour paraphraser le site La Corée et moi (http://lacoreeetmoi.blog.free.fr/) est un des point commun entre Meurs un autre jour et Fast and Furious.






Voitures et bikinis

1) Voitures, vitesse et perte de contrôle

a) Combat de voitures

Celles de 007 sont gadgétisées, celles des protagonistes de Fast and Furious sont tunées... ce qui revient à peu de choses près au même.
Dans Fast and Furious, les voitures subissent des changements de l'ordre des néons sous le véhicule, vitesses débridées, dessins sur les flancs et le capot. Pour exemple, la s200 de Tran, le personnage de Rick Yune dans la saga de voitures:


Dans Meurs un autre jour, Zao et Bond s'affrontent avec des voitures bourrées de gadgets. Ils se lancent des missiles, se jouent des tours en fonction de leurs gadgets respectifs.C'est la première fois dans la saga qu'un méchant dispose d'un véhicule capable d'attaquer et de riposter avec celui de 007. Cela donne un accent Fast and Furious au volet qui n'a pas été de goût de tout le monde. Les conditions extrêmes du combat de véhicule sur un grand lac gelé d'Islande qui s'est mis à fondre au moment du tournage mérite toutefois qu'on reconnaisse la virtuosité de la scène d'action.



Zao possèdent une Jaguar de couleur verte disposant de deux ensembles lance-missiles dissimulés dans les flancs au niveau des portes et d'une batterie de lance-roquettes à l'avant qui entourent une sorte de bélier d'acier rétractable. Son coffre est rempli d'une autre batterie de lance-roquettes.






James Bond lui oppose une Aston Martin V12 Vanquish aux multiples possibilités. Principale atout: elle peut se rendre invisible, ce qui permet le jeu de mots entre Vanquish et Vanish (= disparaître en langue anglaise). La voiture possède également d'un fusil mitrailleur qui verrouille les cibles en mouvement à l'avant du véhicule dissimulés sous les phares, du classique siège éjectable classique depuis Goldfinger, de torpilles et de pneus cloutés.









b) Courses de voitures

Fast &Furious aime montrer des mains rugueuses passant les vitesses avec célérité pour donner une impression de suractivité. James Bond s'adonne à cela dans deux volets: Au service secret de Sa Majesté et Quantum of solace. Dans les deux cas, il s'agit de faire entrer 007 avec panache dans le film. Georges Lazenby et Daniel Craig s'amusent donc à jouer les concurrents de Fast and Furious.
Mozinor, connu pour ses parodie (et notamment d'une scène de Goldfinger qui l'a fait connaitre), a fait un montage pour railler de cette mise en scène peu conventionnelle dans un James Bond. Il en profite pour décocher un trait cruel à Daniel Craig en tant que James Bond:



Mais Bond, comme Toretto et O'Conner aime faire la course avec des voitures. Dans Goldeneye, il se livre même à une course gratuite avec Xénia qu'il cherche à séduire devant les yeux effarés de son examinatrice.


c) Records du monde en conduite automobile

Dans tous les volets de la franchise Fast and furious, les cascades s'accumulent et ne se ressemblent pas. Elles sont toutes dignes du Guiness des records!






James Bond aime aussi les cascades suicides en  voitures fictives ou réelles.

Fictives comme les scènes où Gustave Graves et James Bond franchissent le cap des 522 km/h à bord d'un véhicule aux allures de module de course de Star Wars:



Pour l'occasion, Graves et l'espion évoque un réel record du monde de vitesse, celui de Donald Campbell en 1967. Bond désapprouve la performance, rappelant la mort de son auteur au retour de la course. Graves répond que seule la réalisation du rêve compte. "c'est dans les situations limites qu'on voit ce qu'il y a sous notre peau", affirme Graves. La logique de défi et de testostérone est alors digne de Fast and Furious et moins de l'univers de 007.



Réelles comme la scène de L'Homme au pistolet d'or où Bond fait accomplir à son Hornet X un tour de 360° sur elle-même et la fait retomber sur ses quatres roues. L'American  Motors Corporation, à l'origine de l'Hornet X, a certes remplacé le moteur et réparti le poids du véhicule et rec entré la colonne de direction mais l'exploit reste spectaculaire. Surtout quand on sait que Bumps Willard, le cascadeur, a réussi ce tour de force en une et unique prise!



 2) Bikinis multicolores et fringues de cuir

Sur le principe, beaucoup de gens limiteraient les deux univers à ces deux mots: voitures et bimbos.
Pourtant ce ne sont pas le même genre de femmes qui hantent les deux tableaux.
Dans l'univers de 007, les femmes incarnent une élégance et une mode vestimentaire qui n'empêche pas le sex-appeal. Le scénario cherche toujours à justifier la présence d'une femme court-vêtue. Honey Rider n'a qu'une chemise et son bikini pour vêtement, étant initialement venue que pour ramasser discrètement des coquillages et repartir. Mary Bonnenuit et Tiffany Case se voient imposer une tenue similaire du fait de la paranoïa du méchant. Scaramanga déclare même: "J'aime une femme en maillot de bain car elle ne peut pas dissimuler d'armes!". Roger Moore peu avant en vient même à donner un terrible coup de vieux à 007 en reprochant à Bonnenuit cette tenue. Car Bond n'assume pas totalement la carte du sexe. 
Fast and Furious accumule les femmes en tenues plus que légères et en bikini. Seule la course justifie ces tenues - même par un froid de canard.
Il n'y a que Meurs un autre jour qui sert de jonction aux deux univers. Et ce lien, c'est Jinx.
Le personnage d'Halle Berry - bien que souvent très classe - se distingue nettement des autres James Bond's girls en cela qu'elle ressemble à un personnage féminin de Fast and Furious. Ces dernières sont souvent soit en bikini, soit dans un costume de cuir soit en treillis militaires:







Lorsqu'on compare les tenues de Jinx avec les leurs, on observe une réelle ressemblance.
Treillis militaires:






Costumes, jupes de cuir:








Et enfin les bikinis. On objectera sans doute la réputation "Bikini" des James Bond's girls, rappelant qu' Ursula Andress est justement connue pour son célèbre bikini blanc du Dr No. Cela ne prend pas en compte les quelques 66 James Bond's girls essentielles et secondaires dont seulement 19 portent le bikini (et le monokini) soit environ 29 % des femmes de Bond, un peu plus d'un quart, sans toucher la moitié. Plus flagrant, Jinx est la seule à apparaître aussi longtemps à l'écran en bikini, durée justifiée par la seule variante des couleurs de maillot de bain:

Orange pour commencer:


Rose ensuite:





Blanc pour finir:



Quantum of Tanner

On sait en général que Tanner est l'adjoint de M qui lui sert aussi parfois de secrétaire. Mais sait-on qu'il y a aussi un Sergent Tanner dans le premier volet de Fast & Furious? Ce dernier est campé par Ted Levine, l'interprète du Commissaire Stottlemeyer de la série Monk.


Il se trouve donc un grand nombre de points communs mais traités de façons différentes, exception de Meurs un autre jour où Bond pastiche Fast & Furious et une autre saga sur laquelle il s'agira de revenir dans un prochain article. 007 fait dans l'élégance et la morale, Fast & Fourious dans le tuning et le mauvais genre.
Pas assez pour gagner la course contre James Bond qui demanderait à ses adversaires en fin de parcours:


On se quitte sur le rappel du cadre de la citation-titre issue de Goldeneye: Q demande à Bond de rapporter sa BMW en parfait état et lui rappelle de ne pas rouler trop vite et trop furieusement.

mardi 16 juillet 2013

De la musique avant toute chose: James Bond à l'opéra

On le sait bien assez, James Bond aime le luxe. Il fréquente assidument casinos, grands hôtels et fastueuses manifestations culturelles. Une vraie pie.
Sait-on pourtant les liens qu'entretient 007 avec le monde de l'opéra? Cela est moins certain.

En réalité, James Bond ne se rend sur l'ensemble de 23 volets que deux fois à l'opéra.

Timothy Dalton:  Jumelles et violoncelles

Le plus friand des interprètes de Bond en matière d'opéra est Timothy Dalton. Il fréquente en effet pas moins de quatre opéras dans le volet Tuer n'est pas jouer et jette son dévolu sur une séduisante violoncelliste Kara Milovy.


Il se rend pour commencer au conservatoire de Bratislava où est donnée une représentation de la Symphonie N°40 de Mozart. Le bâtiment du film serait, selon les experts de la chose, en réalité un







Plus tard dans le film, Bond assiste avec ferveur à la représentation du Quatuor à cordes en ré majeur d'Alexandre Borodine interprété par Kara toujours au même conservatoire de Bratislava.






Lorsqu'ils auront lié connaissance, Kara et Bond rendront visite au célébrissime Opéra de Vienne, Vatican des mélomanes.





Enfin, le film s'achève sur une représentation de Variation sur un thème Rococo de Tchaikovsky mené par Kara au fameux opéra sur la façade duquel défile le générique de fin.



Le film ne se limite pas à cela: les gadgets s'adonnent aussi à la musique comme les clefs de voiture réagissant différemment au sifflement de Rule Britannia et au sifflet du séducteur ou encore le violoncelle et son étui servant de luge, rame et bouclier pare-balle. Il est à noter que les radios servent à recevoir les ondes de la police ou à lancer des missiles (lancés par le Prince Charles lui-même):





Même le baladeur du terrifiant Necros sert à déclencher des bombes comme à étrangler.

La violoncelliste comme l'insistance sur l'univers des stradivarius associés au monde de l'espionnage  n'est pas sans rappeler Le Grand blond avec une chaussure noire, parodie française de James Bond réalisée par Yves Robert en 1972 soit 15 ans avant le volet de la saga James Bond.Tout est musique dans ce volet qui ravira les plus mélomanes d'entre nous.

Daniel Craig: Passerelles et parallèles

Le second James Bond à fréquenter l'opéra, c'est celui que l'on dit le plus brutal et le plus insensible. Il s'agit de Daniel Craig qui se paye le luxe de la représentation de Tosca à Brégence dans Quantum of solace. La ville autrichienne dispose en effet d'une immense scène flottante sur le lac de Constance où se joue chaque année une grande pièce musicale.



 Bond suivra la pièce de façon peu conventionnelle, caché dans les échafaudages et les passerelles surplombant la scène. Il observe d'ailleurs plutôt le public, énième affirmation - à la Monsieur Teste de Valéry - que l'opéra ou le théâtre donne plus le publique que la scène en spectacle.










Très vite considéré comme un James Bond sauce Arté, ce volet ajoute à son intrigue écologiste un soupçon d'opéra qui sert de repère à l'organisation Quantum mais aussi d'intrigue dans l'intrigue. En effet, l'opéra de Puccini reprenant la pièce de Victorien Sardou met en scène une femme, La Tosca,  qui tue d'un coup de couteau Scarpia, chef de la police, qui l'a menacé de tuer son amant si elle ne couchait pas avec lui. Dans le film de 007, Camille Montès qui a vu Medrano tuer son père et violer sa mère réserve au chef d'armée crapuleux qui veut la violer à son tour le même sort que Scarpia. L'opéra propose un énoncé proleptique soigneusement dissimulé.








 Roger Moore: "Une petite fantaisie musicale"

C'est le nom qui est donné au spectacle contorsionniste, chorégraphié et musical représentant les Enfers vu par la culture vaudou mené par le Baron Samedi, campé d'ailleurs par le célèbre chorégraphe Geoffrey Holder.
Il s'agit plus d'une opérette de club-med que d'opéra à proprement parler mais le Panthéon Bond ne doit se permettre aucune impasse.





James Bond peut donc livrer au spectateur un joyau d'inventivité et de musicalité: James Bond peut s'avérer parfois très culturel.
Avis donc aux assoiffées de savoir et aux friands de musique! Aller voir ces deux volets de musique.

"Et tout le reste n'est que littérature..."