vendredi 10 mai 2013

Chondoptérygiens

Chondoptérygiens!
Comme dirait le Monty Python Eric Idle: "ça sonne cochon! C'est contagieux?"

Plus simplement, c'est le terme scientifique pour "requin" qu'utilise d'ailleurs Hermann Melville dans son Mardi avant de citer tous les types de requins qui existent. L'un d'entre eux peut nous intéresser ici: "Souvent nous rencontrions un dandy: le requin bleu, long, svelte, l'allure fort distinguée, avec une taille mince comme un élégant de Bond Street et les plus blanches rangées de dents imaginables. Ce requin aristocratique flâne toujours, la nageoire nonchalante, la queue paresseuse. Mais il a un air de cruauté diabolique." (Mardi et le voyage qui y mena, trad. Celli-Jarowsky).

Sans épiloguer longuement sur le jeu de référence que l'on peut faire entre 007 et la rue la plus bling bling de Londres, il y a tout lieu de présenter James Bond comme un requin bleu. Ce que fait d'ailleurs Leslie Bricusse dont la chanson a été écartée pour Opération tonnerre : "He's tall and he's dark, he's like a shark, he looks for trouble; that's why the zero'sdouble: Mister Kis-kiss Bang-bang".

Ce rapport de Bond avec le monde marin vient avant tout de son grade de Commandeur dans la marine comme On ne vit que deux fois, L'Espion qui m'aimait et Demain ne meurt jamais le rappellent bien. Notons au passage que l'ère Craig n'y fait qu'une allusion floue par le biais du Fighting Téméraire de Turner dans Skyfall.
Quel rapport notre "requin gentleman", comme le nommerait Melville, entretient-il avec les autres requins?

1) Nager avec les requins

Notre requin bleu , alias 007, doit jouer de vigilance dans Opération Tonnerre où il nage parmi les vrais requins par deux fois: dans l'océan où Largo, le méchant du film a dissimulé l'épave de l'avion qu'il a attaqué et dans la piscine de la propriété du même Largo qui collectionne ce genre de bêtes. Sean Connery risque même sa vie, un requin ayant réussi à sortir de l'espace réservés aux requins délimité par un mur en plexiglas. La scène est d'ailleurs conservée pour son réalisme terrifiant.












James Bond a aussi affaire à des requins dans Permis de tuer lorsqu'il s'introduit en cachette chez Milton Krest. Ce dernier dispose d'un faux vivier qui lui sert de couverture pour des trafics en tous genre. Ce sont d'ailleurs les mêmes requins qui ont dévoré les jambes de Leiter et qui dévoreront Killifer, le traître de la CIA.



Mentionnons que la secrétaire de Stromberg dans L'Esipon qui m'aimait et Helga Brandt dans On ne vit que deux fois se font dévorer l'une par un requin, l'autre par des piranhas qui, pour n'être pas des requins n'en sont pas moins voraces.






2) L'homme est un requin pour l'homme

On parle souvent des requins de la finance; non pas à tort. Dans sa Comédie humaine, Balzac le montre bien, tous les hommes ont un physique animal. Certains peuvent donc être des requins, ce qui est le cas dans l'univers de James Bond.

Dans Opération Tonnerre, définitivement le James Bond des requins, on en trouve deux. Emilio Largo, N°2 du SPECTRE, campé par Adolfo Celli, a une démarche qui semble être celle d'un requin. Son bandeau de pirate borgne ajoute encore à l'impression de parenté de son visage avec celui des requins.


Son second, Vargas, dont il se moque ostensiblement, est silencieux, agile et aveugle. Il est l'incarnation humaine de ce qu'est en réalité un requin pour les autres poissons.



Il en existe un autre, plus célèbre et pour cause! Son nom français est Requin. Il s'agit du colosse aux dents d'acier que l'on retrouve dans L'Espion qui m'aimait et Moonraker ainsi que dans un grand nombre de parodie parmi lesquelles L'Espion qui cherchait l'amour des Minikeums, Le Boulet d'Alain Berberian et de jeux de 007 comme Quitte ou double. Sa mâchoire et sa façon de tuer, la façon dont il est filmé rendent bien cette comparaison avec le requin. Et lorsqu'il est confronté à l'un d'entre eux, c'est toujours lui qui l'emporte!



Enfin, les requins humains ne sont pas forcément des ennemis de Bond. L'un des alliés de Bond et Leiter se nomme Sharky, en français "petit requin". C'est le pêcheur au service de la CIA de Permis de tuer qui finit exhibé par les hommes de Milton Krest comme un requin pêché en haute mer.


3) Le Requin bleu  VS le Requin Blanc



Carcharodon carcharias. Non, ça n'est pas une maladie mais un tueur: le grand requin blanc. Il peut même être géant. 
En 1975, un film sort qui fera déserter les plages. Témoin, la touchante chanson Gentil dauphin triste de Gérard Lenorman: "Vous allez chercher quoi au cinéma? Du sang et du malheur, des larmes et de la peur, vous feriez mieux d'apprendre à être heureux (..) je n'ai peur de rien, surtout pas d'un requin à sensation! Rangez dans vos cartons votre imagination, on ne va pas se gâcher la saison". Ce film à succès que dénonce et vise le chanteur, on le reconnait à sa musique insidieuse et terrifiante: il s'agit des Dents de la mer de Steven Spielberg.
Or son titre original, JAWS, opère deux liens avec l'univers de Bond. Le premier, c'est le nom original de Requin, Jaws. En effet, "jaws" signifie en anglais la gueule du fauve et surtout du requin. D'où l'inventivité à saluer des traducteurs français du film américain de 1975! Le second lien est le lieu de surf à Hawaï dans lequel s'ouvre  Meurs un autre jour: la plage où l'on trouve les plus grande vagues du monde qui s'appelle Jaws.

En rapport avec le film de Spielberg, on trouve surtout L'Espion qui m'aimait de 1977. Sorti deux ans après les Dents de la mer, il revisite assez bien l'univers du film de requin. Le terrifiant Stromberg incarné par Curt Jürgens, sorte de Capitaine Nemo à la sauce Fleming, menace comme le grand requin blanc tout ce qui est à la surface. Il associe d'ailleurs à un moment du film le requin blanc à la mort.

Dans le même film, les baigneurs sont surpris - comme dans les Dents de la mer - par quelque chose de grand et de blanc. Ce n'est pas un requin cette fois mais bien une lotus esprit capable de se changer en sous-marin:












Il existe un tout autre lien entre les Dents de la mer et 007: un acteur unique, j'ai nommé Robert Shaw. Dans les Dents de la mer, il interprète Quint, le vieux marin, chasseur de requin, dernier espoir des deux héros et 6e victime du monstre de la saga, qui aime à pousser la chansonnette. Dans Bons baisers de Russie, il joue le froid et méthodique Donald "Red" Grant, tueur à gage du SPECTRE à la montre-strangulet (Dangereusement vôtre et Meurs un autre jour feront référence à ce personnage à travers cette montre) entraîné sur l'île de Morzeny.








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